23 octobre 2006

Des chiffres et des signes

Quand on veut faire parler les chiffres à tout prix.... il y a toujours moyen d'y parvenir.

C'est ce qu'on pourrait tirer comme enseignement de la faillite spectaculaire des instituts de sondage à prévoir le résultat des dernières élections communales. A Liège, par exemple, ils donnaient le PS à 29,1% en juin (voir ici) alors qu'il réalisera finalement 38%. A Schaerbeek, le PS a été donné un moment à 18% d'intentions de vote pour 25% dans l'urne. Ceux qui ont voulu traduire ces chiffres en signes y sont restés pour leurs frais.

Vous doutiez peut-être qu'on puisse faire parler des chiffres arabes en langage des signes? En voici un autre exemple.

Prenez le chiffre 1763, c'est mon résultat personnel aux élections communales du 8 octobre 2006. Que peut-on en dire?

Eh bien, 1763, c'est la date à laquelle Charles-Nicolas d'Oultremont devient prince-évêque de Liège. Bien moins connu que son successeur, Francois-Charles de Velbruck, l'histoire n'a en effet pas retenu grand chose de son règne (un signe?) sauf peut-être que son élection fut contestée et fort mouvementée (tiens donc!) ... mais confirmée par le pape Clément XIII (himself!). A propos d'Outremont, surnommé par les Liégeois "noss binamé", les historiens Demoulin et Kupper écrivent ceci: "Le comte d'Oultremont, représentant d'une famille riche et influente, soutenu, semble-t-il par les Provinces Unies qui le soupçonnaient néanmoins d'être soumis aux jésuites, l'emporta au cours d'une double élection [ndhb: probablement une anticipation de Liège-centre versus périphérie!] dans une atmosphère d' acharnement et de méfiance rarement atteinte [ndhb: une anticipation sur la formation du prochain collège?]."(1) Les historiens et démographes se souviendront également qu'il a mis de l'ordre dans l'état civil en améliorant l'enregistrement des naissances et des décès au sein de registres paroissiaux qui jusque là étaient très peu fiables en principauté. Il s'intéressera également au sort des milieux populaires à travers 'l'association des citoyens', faisant ainsi évoluer les affaires sociales de son temps.

Et quoi d'autre à Liège en 1763? Eh bien, c'est l'époque où l'on mise sur des architectes étrangers pour lancer de grands travaux: construction de la façade méridionale du palais de justice (celle visible depuis la place Saint-Lambert où se dressait encore à l'époque la cathédrale du même nom, celle qui fut passée à la lance incendie par les pompiers de Liège après l'arrêt Spaghettis désaisissant le juge Connerotte dans l'affaire Julie & Mélissa) par l'architecte bruxellois Jean-André Anneessens, premiers projets d'aménagement d'une place publique, construction de l'hotel de Hayme de Bomal (inclus aujourd'hui dans l'ensemble musuéal du Grand Curtius, autrement dit la où se constuit aujourd'hui l'un des projets les plus importants par rapport à la culture), embellissement du Val Saint Lambert (un coin où l'an 9 annonce l'éclipse de l'an-nuit et où même si un froid glacial viendra inexorablement éteindre le chaud, on sait aussi que le souffle du froid dans le chaud continuera à donner le meilleur produit de la région), etc. (2). Ah oui, j'oubliais, la visite du petit Mozart à Liège accompagné de papa et maman le 2 octobre de la même année 1763. Et, au passage, on peut rappeler que 2006 n'est autre que le 250e anniversaire de sa naissance.

Ailleurs en Europe, 1763, c'est la signature du Traité de Paris qui met fin à la guerre de sept ans. Sept ans, c'est aussi la durée du combat que Willy Demeyer a mené jusqu'à ce jour à la tête de la ville de Liège pour la faire grandir. Il a succédé à Jean Maurice Dehousse en 1999. Et, si je compte bien, il lui faudra encore quatorze ans pour relever le défi tracé par le rapport Liège 2020 du prospectiviste Hugues de Jouvenel, soit deux nouvelles guerres de sept ans à affronter l'ogre et actuel Ministre fédéral des finances. Tiens, quatorze unités, c'est exactement la distance qui sépare Willy Demeyer (18 999) de Didier Reynders (17 250) en termes de voix de préférence quand on retranche 1763 à son score.

Je vous l'avais dit: quand on veut faire parler les chiffres à tout prix ...

PS: Si vous n'avez pas tout 16i, revenez après le 04 décembre 2006.

(1) Demoulin, B. et Kupper, JL. (2002) "Histoire de la principauté de Liège", Toulouse: Editions Privat
(2) Voir le très bel ouvrage "Liège et l'exposition universelle de 1905" sous la direction de Christine Renardy, La Renaissance du Livre, Bruxelles, 2005

Stop ou encore ?

Ce blog n'est probablement pas le plus visité de la blogosphère. Il a néanmoins démontré une utilité certaine de mon point de vue. Il m'a en effet permis d'entrer en contact avec vous et de maintenir le contact avec d'autres. C'est la raison pour laquelle, j'ai décidé de poursuivre l'expérience de ce blog et de le renommer: "B Liège, blog B6" (traduction: Soyez Liège, bloggez B6, c'est à dire avec Bousetta, setta signifiant six en arabe) remplacera désormais "Bousetta Liège 2006".

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