10 août 2006

Une seule communauté, la communauté urbaine !

J'observe Liège depuis de très longues années. Et la vie universitaire qui m'a amené à voyager aux quatres coins de l'Europe n'a fait qu'aiguiser le regard que je porte sur ma ville. Un regard lucide, à la fois optimiste sur le potentiel extraordinaire de sa population et attristé par les ravages liés à la lente mort des secteurs traditionnels de l'économie liégeoise (le charbon, la sidérurgie et les métaux). Les années que j'ai passées à l'université d'Utrecht aux Pays-Bas, à Bristol en Angleterre ou à Bruxelles, ainsi que les recherches que j'ai menées dans des villes comme Lille ou Anvers, m'ont aussi permis d'ouvrir les yeux sur ce qui marche et ce qui ne marche pas ailleurs. Et pour un candidat aux élections communales, pouvoir faire la bonne analyse de la situation, ça compte.

Pour formuler des recommandations pertinentes, il faut donc porter un constat valable. Inutile de reprendre l'exercice à zéro. De nombreux experts et de nombreux chercheur-e-s de l'Université de Liège s'y sont déjà attachés. Je retiens particulièrement les travaux en géographie économique du Prof Bernadette Mérenne Schoumaker. Le constat qu'elle avance est relativement clair: la commune-ville de Liège est mal articulée à son agglomération. Le territoire de la ville représente 18% de celui de l'agglomération pour 52% à Anvers et 75% à Gand. La population de la ville représente 38% de la population de l'agglomération pour 67% à Anvers et 88% à Gand. Dans le même temps, c'est la ville de Liège qui supporte le poids des grandes infrastructures et des services liés à l'économie, l'environnement, la santé, la mobilité, la culture, etc.

Alors biensûr, dans leur analyse des défis urbains que Liège doit résoudre, les observateurs ne manquent pas de pointer du doigt la fusion des communes de 1977. Mais on oublie trop souvent de rappeler que les réformes institutionnelles, particulièrement celles de 1988 et 1993, ont bouleversé la donne institutionnelle. Aujourd'hui, le développement de Liège passe aussi par sa capacité à être entendue à Namur. Et la politique menée à l'échellon de la Région wallonne n'est pas toujours suffisamment armée pour traiter de la problématique spécifique du développement des grandes villes. Après tout, seules trois communes wallonnes (Charleroi, Liège et Namur) comptabilisent plus de 100.000 habitants. Inévitablement, celà engendre des perspectives différentes qui ne sont pas uniquement liées à des clivages de partis.

On prête à Jean Gandois, ancien patron de Cockerill Sambre, d'avoir un jour glissé à Edouard Close, ancien bourgmestre de Liège: "Si tu veux relancer ta ville, tu dois d'abord achever le chantier interminable de la Place Saint Lambert". Eh bien maintenant, c'est fait ! Cette page au cours de laquelle les Liégeois avaient finit par se gausser des 'travaux forcés à perpétuité' infligés à la place est maintenant tournée.

Et s'il y a bien aujourd'hui un chantier d'avenir à Liège, c'est celui de la communauté urbaine.

Elle s'impose pour rendre le développement de la ville plus rationnel, pour faire des économies d'échelle, pour faire face aux défis de l'internationalisation, pour mieux se positionner par rapport aux financements européens, etc. Bref pour mieux planifier et prendre en main l'avenir. C'est ce qu'on fait avec un certain succès les Lillois en créant la Communauté Urbaine de Lille Métropole, même si c'est dans un contexte institutionnel différent du nôtre.

Pour avancer dans cette voie, il manque à Liège un instrument politique, un niveau de pouvoir entre la commune, d'une part, la Province et la Région, d'autre part. Ce niveau supra-communal n'est pas totalement absent de notre législation mais n'a pratiquement jamais existé sauf timidement à Bruxelles dans les années '70. Une loi de 1971 prévoit en effet la possibilité de créer des agglomérations et fédérations de communes. Mais ce cadre n'est plus adapté aux réalités d'aujourd'hui (pour une analyse plus complète, voir ici ). Dès lors, une modernisation de la législation sur l'association de communes est urgente !

Ce débat sur la nécessité d'une communauté urbaine, des socialistes liégeois, au premier rang desquels Willy Demeyer, le portent. Ce n'est pas pour rien. Il est essentiel pour l'avenir économique et social de Liège et de sa région.

Hassan Bousetta

08 août 2006

Des couleurs dans la ville et des idées claires

Ainsi donc, je serai 27e candidat sur la liste PS aux élections communales à Liège. Reste maintenant à mettre en place la logistique d'une véritable campagne électorale.

Première étape: trouver un bon photographe. C'est chose faite grâce à l'expérience d'un ami comédien. Rendez-vous est pris. L'homme semble maîtriser son sujet et m'expose quelques échantillons de son travail. Nous n'irons pourtant pas plus loin. Le devis qu'il me présente représente pratiquement toute l'enveloppe de ce que les petits candidats comme moi sont autorisés à dépenser soit autour des 4.000 Euros. Un candidat plus expérimenté me recommande alors un habitué de l'exercice. L'affaire est rapidement réglée. S'ensuit une séance de poses. Grands sourires, sourires discrets, bouche ouverte, bouche fermée, costume sombre, costume clair, cravatte rayée, cravatte unie. On finira par tout essayer. De la trentaine de photos alignées sur la planche contact, une seule survivra.

Deuxième étape: trouver un infographe. Les choses s'enchaînent. Le photographe me fait comprendre qu'il est inutile de chercher trop loin. Il a l'homme qu'il nous faut sous la main. Bien vu! En quelques jours, le job est bouclé: une infographie pour une affiche A4 et une A3. Et c'est du bon boulot. Les affiches respectent la charte graphique proposée par les conseillers en communication du boulevard de l'Empereur et les petites innovations, comme la trame bleutée couvrant le nom, n'ont pas été boudées. Ce qui ajoute à l'harmonie de l'ensemble pour peu qu'on aime le rouge! Le tout est livré en fichier PDF par courrier électronique. Coût de l'opération: 125 Euros + 21% de TVA.

Troisième étape: l'imprimeur. Peu de problèmes en perspective: ils sont légions en région liégeoise. Avec mon fichier PDF non pas sous le bras mais sur ma clé USB, direction l'imprimerie. Petit souci, le travail ne peut pas être prêt avant le 15 août. J'insiste. Un accord est trouvé pour qu'une partie de la commande (1500 affiches A4) soit prête pour le 4 août soit trois jours plus tard. Délai respecté et facture acquitée pour 308,44 Euros TVA comprise. J'attendrai le 15 août pour mes 1000 affiches A3.

A deux mois des élections, j'ai maintenant de quoi commencer à travailler.

Quatrième étape: le tour des commerçants. Etant donné que je n'ai pas encore de folders à distribuer aux électeurs, la priorité sera d'assurer une présence visible dans les commerces qui acceptent de placer l'affiche. Premiers succès et premiers revers ! En apparence, tous les commerçants de mon quartier de Rocourt me font un bon accueil. Cela marche assez bien aussi du côté de Sainte Walburge et de Sainte Margueritte. Dans l'ensemble, je trouve les commerçants fort bien disposés particulièrement ceux qui ne me connaissent pas et qui me voient pour la première fois. Mais rapidement, il faut déchanter. Sur l'ensemble des affiches placées, un tiers ont été retirées immédiatement après mon passage. Peu importe, je décide de ne pas m'en laisser compter et décide de retourner donner une explication qui tient en une idée: "si vous voulez des politiciens qui parlent avec franchise, vous devez aussi apprendre à leur parler franchement."

Il me reste quelques étapes à franchir avant de me lancer dans mon premier marathon électoral: trouver un slogan accrocheur, peaufiner mes propositions, mettre en ligne mon nouveau site Internet, préparer un petit courrier aux amis et partir à la rencontre de la population. Je me concentre sur la première de ces tâches en me disant qu'il vaut mieux se passer de slogan que d'en utiliser un mauvais. Après un petit brainstorming familial, on décide d'en garder un qui synthétise assez bien ce que je veux et ce que je suis:

"Des couleurs dans la ville et des idées claires"

Suite au prochaine épisode...

06 août 2006

Le sens de mon engagement politique

L'idée de m'engager politiquement ne m'est pas venue subitement un beau matin. Après tout, mon parcours tout entier a été marqué par l'engagement sur des terrains multiples: social, associatif, estudiantin, universitaire et sportif. Mais il est vrai que le passage à la politique est une idée plus récente à laquelle j'avais pourtant longtemps résisté. Non pas que la politique ne m'intéressait pas. Au contraire ! Mon activité professionnelle de chercheur en sciences politiques et sociales m'a toujours amené à m'y passioner et à échanger très régulièrement des idées avec les femmes et les hommes politiques de tout le pays et au delà.

Ma retenue jusqu'à présent était davantage motivée par la volonté de concentrer mes engagements extra-professionnels sur un seul terrain, celui de l'action associative. Je me suis ainsi attaché à militer au sein d'associations qui oeuvrent pour la citoyenneté, la mémoire de l'immigration, la solidarité internationale et le développement, la démocratie et les droits humains au Maghreb, etc.

C'est un travail quotidien qui reste plus que jamais nécessaire. Mais mon analyse personnelle de la situation de la nouvelle Europe, l'Europe façonnée par les migrations internationales, m'amène à penser que la société multiculturelle est menacée par un recul de la tolérance et le développement d'un nationalisme de la bonne manière de vivre (forcément la nôtre!). Ceux qui, comme moi, pensent qu'une société multiculturelle, harmonieuse et solidaire, est possible sont face à de nouveaux défis qui nécessitent d'explorer de nouvelles approches politiques. Il faudrait certainement une longue analyse pour en expliquer les nuances. Mais le constat pourrait tenir en quelques idées simples. 1/ Pour revendiquer les droits des nouveaux arrivants, les multiculturalistes ont contribué, le plus souvent à juste titre, à déconstruire une certaine idée de l'universalisme avancée par les sociétés européennes parce que celui-ci ne servirait finalement qu'à masquer leur particularisme. 2/ Les Etats européens sont fondés sur des partis pris culturels qui s'opposent au traitement équitable des cultures minoritaires. 3./ Sur le terrain, les défenseurs des cultures minoritaires et majoritaires finissent par se confronter sur base d'arguments d'autorité: "vous êtes racistes/antisémites/islamophobes" versus "vous êtes fanatiques, oppresseurs, anti-modernes, non-démocrates, violents, etc". Le cas de la Hollande et du Danemark en sont les meilleures illustrations. 4./ L'islam et les Musulmans sont l'une des composantes essentielles, mais non la seule, de cette confrontation.

Face à ce raidissement devenu très perceptible depuis le 11 septembre 2001, ce qui nous fait défaut, c'est une capacité à refaçonner de l'universel, à produire de l'unité tout en respectant le pluralisme des cultures et des convictions, bref à construire des nouveaux mondes qui soient autre chose que des ghettos culturels. Des nouveaux mondes ouverts à tous sans discrimination et acceptés par tous.

Je pense que ce travail est une responsabilité qui n'incombe pas uniquement à ceux qui se pensent comme "Belges de souche" mais à tous et donc aussi forcément aux personnalités publiques qui portent un héritage venu d'ailleurs. Et s'il faut saluer que ces derniers soient de plus en plus nombreux en politique, ils n'ont peut-être pas encore suffisamment réussi à développer des visions politiques de la société qui dépassent le cadre de leurs communautés et, plus fondamentalement, à nous faire toucher cette émotion d'un pays réuni au delà de ses particularismes qu'avait en son temps provoqué le discours de Marie Noëlle Bouzet à l'occasion des funérailles de Loubna Benaïssa.

Pour faire société, le tout doit nécessairement faire plus que la somme des parties. Mais ce sont les contours de ce 'tout' qui doivent être redessinés et c'est autour de lui que la réconciliation est attendue.

C'est aussi une question d'intérêt à long-terme. Notre pays n'a d'autres ressources naturelles que son capital humain. Et celui-ci est à l'image du monde dans lequel nous vivons: il est jeune et culturellement diversifié. Construire ce nouveau monde, cette Belgique nouvelle, c'est se donner une chance de continuer à être performant sur le plan économique, à produire des richesses, tout en maintenant notre modèle de protection sociale et de solidarité entre les personnes.

Y a-t-il un meilleur espace pour construire cette alternative que le niveau le plus proche du citoyen: la commune.

C'est là une des motivations fondamentales de mon engagement pour les élections communales d'octobre 2006 dans ma bonne ville de Liège.
Le Parti Socialiste, par la voix de Willy Demeyer, m'a sollicité comme candidat d'ouverture. C'est une indication de la volonté des socialistes liégeois d'approfondir le renouveau et de se mobiliser pour l'édification d'une société plus tolérante qui fasse barrage aux partis de la haine.
Hassan Bousetta