La semaine passée, le sociologue flamand Jan Hertogen a réussi un beau coup médiatique en publiant des données mises à jour concernant l'évolution des populations d'origine étrangères en Belgique. Sur base de statistiques liées à la nationalité et à la naturalisation arrêtées au 1er janvier 2006, Jan Hertogen démontre que les Marocains sont devenus quantitativement le premier groupe issu de l'immigration en Belgique (1). La presse en a abondamment parlé tout au long de la semaine et cela n'a pas manqué d'alimenter les discussions du café du commerce.
Fort présent sur le terrain pour ma campagne électorale, je ne compte plus le nombre de personnes qui m'ont interpellé sur le sujet. Beaucoup de Belgo-Marocains y ont vu le signe annonciateur d'une reconnaissance par le nombre. Un peu comme s'ils venaient de remporter une victoire en demi-fond. A tort ! Les choses ne fonctionnent malheureusement pas tout à fait de la sorte. La reconnaissance et le respect mutuels ne se conquièrent pas par un quelconque effet de masse, mais bien plutôt par une action politique structurée.
Pour moi qui suis biographiquement ancré dans l'immigration marocaine, ce moment singulier où se croisent les courbes statistiques des populations d'origine italienne et marocaine me fait surtout penser que ces deux 'communautés' ont partagé bien des choses dans leur histoire. C'est une belle occasion pour moi de dire combien ont été importantes les rencontres entre Belges, Italiens et Marocains à Liège et en Wallonie. On pourrait en parler longuement en ce qui concerne le combat syndical. Les Italiens étant les premiers à qui la Belgique a fait appel après-guerre, ils ont ouvert de nombreuses portes aux travailleurs étrangers qui leur ont succédé.
J'ai personnellement un souvenir fort précis de mes contacts avec l'immigration italienne. J'ai eu la chance de pronconcer l'an dernier un discours d'hommage à l'immigration italienne lors d'une séance thématique du Conseil provincial de Liège à l'occasion des 60 ans de l'accord bilatéral belgo-italien de 1946. Pas plus tard que dimanche passé sur le marché de la Batte, j'ai été chaleureusement interpellé en italien par un militant qui croyait reconnaître en moi un Buscetta napolitain.
En réalité, dès mon plus jeune âge, dès l'école communale, j'ai été bercé dans ce creuset interculturel liégeois où les Italiens étaient fort nombreux. Du fonds des années septante, je garde en mémoire l'image de la maman de mon camarade de classe Vito expliquant à ma mère un mercredi après-midi après l'école, et dans un sabir auquel seul les immigrés peuvent donner sens, le secret de la confection artisanale des pâtes. De mes humanités, je garde une amitié intacte pour mon ami Gianni. Je me suis retrouvé plus tard à la tête d'un club de volley-ball après avoir été initié par mon ami Ignazio (dit Noutcho) à toutes les subtilités du rôle de responsable d'un club sportif. Et je n'en dirai pas plus sur le rôle importantissime de mon actuel patron et ami Marco qui, dès 1993, a contribué décisivement à ce que j'embrasse la carrière de chercheur à l'université.
Engagé aujourd'hui en politique, j'ai l'immense bonheur de figurer sur une liste qui compte des candidats Belges dont les parents italiens furent un jour accueilli à 'bras ouverts' par la Belgique. C'est le cas notamment de Christie Morreale et de Marc Tarabella. J'ai une sympathie profonde pour le travail qu'ils effectuent et j'espère qu'ils réaliseront un beau résultat le 10 juin prochain. Ceci dit, comme le montre cette photo que je viens de recevoir dans ma boîte email, il est des circonstances où les rapprochements interculturels peuvent être fort surprenants... (2)
(1) Ces données sont présentées sur son site Internet: www.npdata.be
(2) Vous reconnaîtrez à l'image mon ami Alain Declerck, un artiste liégeois qui oeuvre non seulement au rapprochement interculturel mais à la paix dans le monde. Son oeuvre d'art 'La Porte de la Paix' en faveur de la paix entre Israéliens et Palestiniens sera inaugurée au Rond Point Schuman le 4 juin prochain. Soyez nombreux à soutenir son appel en cliquant ici
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