27 mars 2009

L'Europe au coeur de l'actualité de la semaine: ses démons, ses conquêtes et ses horizons méditerranéens

L'Europe était partout dans l'actualité de la semaine. Ainsi Jean-Marie Le Pen vient-il de s'offrir l'une de ses dernières pirouettes médiatiques. En qualité de doyen, le spectre de sa présidence pourrait peser sur l'ouverture des travaux de la prochaine législature du Parlement européen. Dans le flot des actualités qui ont rythmé la semaine, c'est sans doute, pour moi, la nouvelle qui symbolise le mieux l'affrontement entre l'ancien et le nouveau. Collision entre un monde ancien qui se fracasse, et nous avec, et un monde nouveau qu'il nous faut inventer. Le Pen et ses épigones ne pouvaient probablement espérer meilleur terreau que cette crise financière, économique et sociale dans laquelle nous a emmené la pensée libérale. L'extrême-droite ne pouvait espérer meilleure dramatisation pour remobiliser ses antiennes éculées de l'anti Europe, de l'anti-immigration et de l'anti-globalisation. A travers Le Pen, je vois non seulement le nationalisme, le racisme et le négationisme, mais aussi le colonialisme et le poujadisme dans sa version historiquement la plus fidèle (1). Des idéologies et des pratiques politiques qui symbolisent précisément un monde ancien dont le 20è siècle a porté tous les excès et toutes les blessures.

Au delà de cette péripétie dont il faudrait se réjouir si l'action politique de son protagoniste principal devait rester un point de détail dans la mémoire des générations futures, mon sentiment personnel est que l'Europe élargie est depuis quelques années confrontée à un tournant historique. Un tournant qui impose des choix profonds sur la définition même du projet européen. Intuitivement, je pressens que ce combat porte en lui les germes de confrontations politiques sur des bases nouvelles et des affrontements idéologiques sur des clivages renouvelés. Entre la tentation du tout au marché portée par plusieurs générations de décideurs européens, celui du retour au nationalisme et au populisme et celui de la construction d'un projet ouvert sur notre voisinage, solidaire et écologique, le choix de la gauche devrait s'imposer comme une évidence. C'est pourtant loin d'être acquis, y compris parmi les rangs de la gauche européenne.

Pour faire bref, mon sentiment est que l'horizon politique de l'Europe doit passer par la Méditerranée. De tout temps, la Méditerranée a été l'objet de perceptions contradictoires entre ceux qui prétendaient y construire un rempart et ceux qui ambitionnaient d'y fonder un creuset de civilisations. Aujourd'hui, la fracture entre les rives Nord et Sud de la Méditerranée représente le contraste de richesse et de bien-être le plus important aux frontières extérieures de l'Union européenne. Cédant à une gestion hyper-sécuritaire de la migration, l'espace maritime méditerranéen est aussi devenu le lieu le plus symbolique du refoulement et de l'Europe forteresse. Enfin, et probablement, de manière plus fondamentale, les relations israélo-palestiniennes en Méditerranée orientale portent en elles tous les espoirs, toutes les inquiétudes et tous les démons de l'Europe. Malgré la tentative sarkozienne de sauver le processus de Barcelone via l'Union pour la Méditerranée, il doit maintenant devenir évident pour tous ceux qui en douteraient que si une partie importante de l'avenir de l'Europe se joue en Méditerranée, l'avenir de la Méditerranée se jouera autour de la paix au Moyen Orient et plus précisément autour de la création d'un état palestinien indépendant et viable, aux côtés de l'état d'Israël.

L'Europe est au coeur de l'actualité politique de la semaine, disais-je. Jeudi dernier, précisément, j'intervenais au Parlement européen sur le thème de la citoyenneté de l'Union européenne à l'initiative du Parti Socialiste européen. L'occasion de faire le bilan sur les débats autour de la construction de citoyennetés plus inclusive dans l'Union européenne. Souvenez-vous, c'est en effet, suite à l'adoption du Traité de Maastricht qu'est née la volonté, à travers la citoyenneté de l'UE (CUE), de faire participer les européens qui vivent dans un pays membre dont ils ne possèdent pas la nationalité à la vie politique locale et européenne. C'est aussi le débat qu'a occasionné la CUE qui a permis d'ouvrir en Belgique un débat parallèle sur la citoyenneté politique des étrangers non-européens.

A quelques encablures d'une nouvelle échéance en ce qui concerne les élections européennes, il n'est pas inutile de souligner combien il est important d'encourager tous les européens qui vivent dans notre pays à s'inscrire pour aller voter le 7 juin prochain. En Wallonie, les centres régionaux d'intégration lancent une campagne d'information et de sensibilisation sur le sujet. J'espère qu'elle portera ses fruits et permettra de résorber les déficits de participation que nous avions connus en 2004.

Europe toujours. Samedi dernier, le Parti Socialiste annonçait sa tête de liste pour les élections européennes. La liste sera emmenée par un Liégeois: Jean-Claude Marcourt. Si je suis fort heureux du choix que le parti a fait tant Jean-Claude Marcourt est un excellent Ministre et un excellent collègue au conseil communal, j'éprouve quelques inquiétudes pour le sort qui sera réservé à une autre collègue exceptionnelle: Véronique De Keyser. La liste européenne du parti sera présentée ce samedi lors d'un congrès à Bruxelles, j'espère qu'elle apportera son lot de bonnes nouvelles pour Véronique. En tout état de cause, je participerai à cette campagne européenne en tant que militant, puisque je ne suis candidat à rien lors de cette élection, aux côtés de tous les candidats socialistes et, plus particulièrement de tous les candidats socialistes liégeois, en lice pour le Parlement européen.

Hassan BOUSETTA

(1) Le Pen a été élu député en 1955 sur la liste du parti Union et fraternité française fondé par Pierre Poujade.

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