13 janvier 2011

Que se passe-t-il en Tunisie?

Depuis fin décembre 2010, la Tunisie est confrontée à une vague de protestations sociales d’une ampleur inédite. L’événement déclencheur de ces manifestations est un incident survenu dans la ville de Sidi Bouzid au cours duquel un jeune vendeur à la sauvette s’est immolé par le feu pour dénoncer le harcèlement des autorités et l’absence de perspective de travail pour une très large frange de la jeunesse.


Initialement confinée à quelques villes du centre du pays, la révolte s’est ensuite propagée à l’ensemble du territoire ainsi qu’à la capitale, Tunis. Partout dans le pays, ce soulèvement s’organise autour de la revendication d’une plus grande justice sociale mais surtout d’un ras-le-bol face à ce que les jeunes en Tunisie, comme ailleurs au Maghreb, qualifient de Hogra  (mépris). A l’évidence, cette révolte sociale est liée à l’exigence d’un meilleur respect des droits fondamentaux du citoyen et des libertés publiques. C’est ce que résume le slogan « Liberté, dignité, travail » que brandit actuellement la jeunesse tunisienne face au pouvoir.


Les événements de décembre 2010 et janvier 2011 ont conduit à une réaction particulièrement forte des autorités. D’importantes forces policières ainsi que l’armée ont été déployés dans les rues des grandes villes du pays, ce qui n’a pas manqué d’amener une répression disproportionnée des manifestations. Lors d’un point presse du 10 janvier 2011, le Ministre tunisien de la Communication reconnaissait que le bilan de l’intervention des forces de l’ordre était estimé à 21 morts. D’autres sources ont avancé un bilan significativement plus lourd. En tout état de cause, il semble difficile d’établir un décompte impartial et fiable à ce jour tant le pouvoir impose des restrictions au travail des journalistes et des organisations de la société civile.


Dans son allocution télévisée du 10 janvier 2011, le Président de la République tunisienne a annoncé sa volonté de procéder à la création de 300.000 nouveaux emplois avant la fin 2012. Ces annonces et bonnes intentions sur le plan économique et social ne peuvent occulter le fait que la révolte actuelle est aussi le produit de l’absence d’avancées significatives sur le terrain de la démocratisation, des droits de l’homme, des libertés publiques et de la lutte contre la corruption, dossiers pour lesquels la Tunisie a été épinglée plus d’une fois par la communauté internationale au cours des dernières années.


La Belgique est liée à la Tunisie par des liens nombreux tant sur le plan économique que politique, culturel et humain. Sur le plan diplomatique, nous sommes également liés à la Tunisie par des relations bilatérales ainsi qu’à travers la politique extérieure de l’Union européenne (Union pour la Méditerranée-Processus de Barcelone et Politique européenne de voisinage). C’est la raison pour laquelle, j’interrogerai le gouvernement fédéral en affaires courantes pour lui demander de manifester aux autorités tunisiennes la préoccupation et l’inquiétude qui s’expriment au sein d’une partie de l’opinion publique belge face à l’ampleur de la répression et au caractère disproportionné des interventions des forces de l’ordre. Je demanderai également que des initiatives soient prises pour que le gouvernement belge s’exprime sur le plan européen pour rappeler à la Tunisie ses engagements internationaux en matière de respect des droits humains et notamment l’accord d’association qu’elle a signé avec l’Union européenne et qui prévoit en son article 2 que ces relations « se fondent sur le respect des principes démocratiques et des droits de l'homme ».

1 commentaire:

Pierre-Yves Lambert a dit…

C'est bien d'interpeller le gouvernement belge, mais ne faudrait-il pas commencer par interpeller la présidence du PS quant au maintien du RCD de Ben Ali au sein de l'Internationale Socialiste ? D'abord balayer devant sda porte...