L'idée de m'engager politiquement ne m'est pas venue subitement un beau matin. Après tout, mon parcours tout entier a été marqué par l'engagement sur des terrains multiples: social, associatif, estudiantin, universitaire et sportif. Mais il est vrai que le passage à la politique est une idée plus récente à laquelle j'avais pourtant longtemps résisté. Non pas que la politique ne m'intéressait pas. Au contraire ! Mon activité professionnelle de chercheur en sciences politiques et sociales m'a toujours amené à m'y passioner et à échanger très régulièrement des idées avec les femmes et les hommes politiques de tout le pays et au delà.
Ma retenue jusqu'à présent était davantage motivée par la volonté de concentrer mes engagements extra-professionnels sur un seul terrain, celui de l'action associative. Je me suis ainsi attaché à militer au sein d'associations qui oeuvrent pour la citoyenneté, la mémoire de l'immigration, la solidarité internationale et le développement, la démocratie et les droits humains au Maghreb, etc.
C'est un travail quotidien qui reste plus que jamais nécessaire. Mais mon analyse personnelle de la situation de la nouvelle Europe, l'Europe façonnée par les migrations internationales, m'amène à penser que la société multiculturelle est menacée par un recul de la tolérance et le développement d'un nationalisme de la bonne manière de vivre (forcément la nôtre!). Ceux qui, comme moi, pensent qu'une société multiculturelle, harmonieuse et solidaire, est possible sont face à de nouveaux défis qui nécessitent d'explorer de nouvelles approches politiques. Il faudrait certainement une longue analyse pour en expliquer les nuances. Mais le constat pourrait tenir en quelques idées simples. 1/ Pour revendiquer les droits des nouveaux arrivants, les multiculturalistes ont contribué, le plus souvent à juste titre, à déconstruire une certaine idée de l'universalisme avancée par les sociétés européennes parce que celui-ci ne servirait finalement qu'à masquer leur particularisme. 2/ Les Etats européens sont fondés sur des partis pris culturels qui s'opposent au traitement équitable des cultures minoritaires. 3./ Sur le terrain, les défenseurs des cultures minoritaires et majoritaires finissent par se confronter sur base d'arguments d'autorité: "vous êtes racistes/antisémites/islamophobes" versus "vous êtes fanatiques, oppresseurs, anti-modernes, non-démocrates, violents, etc". Le cas de la Hollande et du Danemark en sont les meilleures illustrations. 4./ L'islam et les Musulmans sont l'une des composantes essentielles, mais non la seule, de cette confrontation.
Face à ce raidissement devenu très perceptible depuis le 11 septembre 2001, ce qui nous fait défaut, c'est une capacité à refaçonner de l'universel, à produire de l'unité tout en respectant le pluralisme des cultures et des convictions, bref à construire des nouveaux mondes qui soient autre chose que des ghettos culturels. Des nouveaux mondes ouverts à tous sans discrimination et acceptés par tous.
Je pense que ce travail est une responsabilité qui n'incombe pas uniquement à ceux qui se pensent comme "Belges de souche" mais à tous et donc aussi forcément aux personnalités publiques qui portent un héritage venu d'ailleurs. Et s'il faut saluer que ces derniers soient de plus en plus nombreux en politique, ils n'ont peut-être pas encore suffisamment réussi à développer des visions politiques de la société qui dépassent le cadre de leurs communautés et, plus fondamentalement, à nous faire toucher cette émotion d'un pays réuni au delà de ses particularismes qu'avait en son temps provoqué le discours de Marie Noëlle Bouzet à l'occasion des funérailles de Loubna Benaïssa.
Pour faire société, le tout doit nécessairement faire plus que la somme des parties. Mais ce sont les contours de ce 'tout' qui doivent être redessinés et c'est autour de lui que la réconciliation est attendue.
C'est aussi une question d'intérêt à long-terme. Notre pays n'a d'autres ressources naturelles que son capital humain. Et celui-ci est à l'image du monde dans lequel nous vivons: il est jeune et culturellement diversifié. Construire ce nouveau monde, cette Belgique nouvelle, c'est se donner une chance de continuer à être performant sur le plan économique, à produire des richesses, tout en maintenant notre modèle de protection sociale et de solidarité entre les personnes.
Y a-t-il un meilleur espace pour construire cette alternative que le niveau le plus proche du citoyen: la commune.
C'est là une des motivations fondamentales de mon engagement pour les élections communales d'octobre 2006 dans ma bonne ville de Liège.
Ma retenue jusqu'à présent était davantage motivée par la volonté de concentrer mes engagements extra-professionnels sur un seul terrain, celui de l'action associative. Je me suis ainsi attaché à militer au sein d'associations qui oeuvrent pour la citoyenneté, la mémoire de l'immigration, la solidarité internationale et le développement, la démocratie et les droits humains au Maghreb, etc.
C'est un travail quotidien qui reste plus que jamais nécessaire. Mais mon analyse personnelle de la situation de la nouvelle Europe, l'Europe façonnée par les migrations internationales, m'amène à penser que la société multiculturelle est menacée par un recul de la tolérance et le développement d'un nationalisme de la bonne manière de vivre (forcément la nôtre!). Ceux qui, comme moi, pensent qu'une société multiculturelle, harmonieuse et solidaire, est possible sont face à de nouveaux défis qui nécessitent d'explorer de nouvelles approches politiques. Il faudrait certainement une longue analyse pour en expliquer les nuances. Mais le constat pourrait tenir en quelques idées simples. 1/ Pour revendiquer les droits des nouveaux arrivants, les multiculturalistes ont contribué, le plus souvent à juste titre, à déconstruire une certaine idée de l'universalisme avancée par les sociétés européennes parce que celui-ci ne servirait finalement qu'à masquer leur particularisme. 2/ Les Etats européens sont fondés sur des partis pris culturels qui s'opposent au traitement équitable des cultures minoritaires. 3./ Sur le terrain, les défenseurs des cultures minoritaires et majoritaires finissent par se confronter sur base d'arguments d'autorité: "vous êtes racistes/antisémites/islamophobes" versus "vous êtes fanatiques, oppresseurs, anti-modernes, non-démocrates, violents, etc". Le cas de la Hollande et du Danemark en sont les meilleures illustrations. 4./ L'islam et les Musulmans sont l'une des composantes essentielles, mais non la seule, de cette confrontation.
Face à ce raidissement devenu très perceptible depuis le 11 septembre 2001, ce qui nous fait défaut, c'est une capacité à refaçonner de l'universel, à produire de l'unité tout en respectant le pluralisme des cultures et des convictions, bref à construire des nouveaux mondes qui soient autre chose que des ghettos culturels. Des nouveaux mondes ouverts à tous sans discrimination et acceptés par tous.
Je pense que ce travail est une responsabilité qui n'incombe pas uniquement à ceux qui se pensent comme "Belges de souche" mais à tous et donc aussi forcément aux personnalités publiques qui portent un héritage venu d'ailleurs. Et s'il faut saluer que ces derniers soient de plus en plus nombreux en politique, ils n'ont peut-être pas encore suffisamment réussi à développer des visions politiques de la société qui dépassent le cadre de leurs communautés et, plus fondamentalement, à nous faire toucher cette émotion d'un pays réuni au delà de ses particularismes qu'avait en son temps provoqué le discours de Marie Noëlle Bouzet à l'occasion des funérailles de Loubna Benaïssa.
Pour faire société, le tout doit nécessairement faire plus que la somme des parties. Mais ce sont les contours de ce 'tout' qui doivent être redessinés et c'est autour de lui que la réconciliation est attendue.
C'est aussi une question d'intérêt à long-terme. Notre pays n'a d'autres ressources naturelles que son capital humain. Et celui-ci est à l'image du monde dans lequel nous vivons: il est jeune et culturellement diversifié. Construire ce nouveau monde, cette Belgique nouvelle, c'est se donner une chance de continuer à être performant sur le plan économique, à produire des richesses, tout en maintenant notre modèle de protection sociale et de solidarité entre les personnes.
Y a-t-il un meilleur espace pour construire cette alternative que le niveau le plus proche du citoyen: la commune.
C'est là une des motivations fondamentales de mon engagement pour les élections communales d'octobre 2006 dans ma bonne ville de Liège.
Le Parti Socialiste, par la voix de Willy Demeyer, m'a sollicité comme candidat d'ouverture. C'est une indication de la volonté des socialistes liégeois d'approfondir le renouveau et de se mobiliser pour l'édification d'une société plus tolérante qui fasse barrage aux partis de la haine.
Hassan Bousetta