Le 25 novembre prochain, nous célèbrerons la journée internationale de l'élimination de la violence à l'égard des femmes. A cette occasion, le Festival Voix de femmes propose une représentation de la création théâtrale "Les Recluses" de Denis Mpunga. Je tiens absolument à attirer l'attention de tous mes amis sur la chance que nous aurons d'accueillir à Liège ce travail exceptionnel qui met en scène des femmes victimes de violences originaires de l'Afrique des Grands Lacs.
Il y a longtemps que je suis sensibilisé à ces questions via mes nombreux amis rwandais, burundais et congolais. Je suis aussi sensible à la question du genre à la fois sur le plan personnel par le fait que je suis père de deux filles et beau-père de deux autres mais également sur le plan professionnel parce que j'enseigne plusieurs cours où les inégalités hommes-femmes sont centrales. Et enfin, politiquement par mon engagement de conseiller communal.
Or justement, cette expérience fait que je suis assez inquiet de constater combien ces questions de domination et d'inégalité de genre sont insuffisamment discutées et débattues. Pour être franc, je devrais dire que c'est aussi le propre d'autres questions liées à la problématique de l'égalité de traitement en faveur par exemple des handicapés, des immigrés, des minorités sexuelles, etc. Pas plus tard que ce matin, j'ai évoqué avec mes étudiants en anthropologie politique le rôle des divisions sociales dans l'accès au pouvoir politique. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les jeunes maitrisent mal les questions liées au genre et ne connaissent que peu de choses de l'apport de la pensée et de l'engagement politique féministes. Pratiquement aucun de mes étudiants n'avait par exemple entendu l'expression "The personal is political" qu'on traduit aussi parfois en français par "Le privé est politique".
Pour moi, le fait de poser la question de la violence à l'égard des femmes et plus largement celles de leur autonomie et de leur liberté de choix est beaucoup plus fondamental comme débat que celui qui concerne le port du voile. Bien entendu, le voile est en certaines circonstances révélateur de contraintes à l'égard des femmes. Mais, même les plus vifs opposants au voile, reconnaissent qu'il s'agit de bien plus que cela et qu'une bonne stratégie féministe ne peut pas imposer aux femmes une vision a priori de ce qui est bon pour elles du point de vue vestimentaire. De mon point de vue, si l'on veut agir sincèrement pour éliminer les contraintes économiques, politiques, sociales et culturelles qui confinent les femmes, notamment d'origine immigrées, dans certains rôles sociaux ou les privent de certains droits élémentaires comme celui de vivre en sécurité, il faut envisager le débat de manière beaucoup plus large et de manière plus offensive. Plus large, pour éviter de réduire le débat à une seule catégorie de femmes. Plus offensive pour être plus audible, tout en plaçant la focale là où elle doit être placée: sur le machisme et la domination masculine.
C'est dans cet esprit que je rassemblerais un petit groupe de personnes pour mener un petit travail d'éducation populaire autour des "Recluses". Comme je l'avais fait au début de l'année au sujet de la Palestine, j'inviterai des jeunes pour une discussion sur ce sujet. Nous assisterons ensuite ensemble à la représentation et puis j'organiserai enfin un petit débriefing. Je vous tiendrai au courant des dates et lieux sous peu...
Renseignements pratiques: Les Recluses, le mercredi 25 novembre à 20h15 à la Caserne Fonck, Rue Ransonnet - Tarif 12 Euros. Tarif en prévente au Festival Voix de Femmes (En Neuvice, 46), www.voixdefemmes.org: 8 Euros.
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